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Sophia le robot, ou la chef de file d’une lignée de robots qui exterminera l’humanité ?


Jeudi 2 Novembre 2017



De nombreux films l’ont scénarisé, et si les robots prenaient le contrôle et décidaient d’exterminer l’espèce humaine ? Il semble que nous ne soyons plus si éloignés de cette éventualité. Mercredi 25 octobre 2017, pour la première fois un robot à l’apparence humaine a obtenu une nationalité. Que signifie une telle avancée technologique, mais surtout quels risques avons-nous à craindre ?




Présenté en 2016 au festival SXSW (South by Southwest) à Austin, le robot Sophia a tout de l’apparence humaine. Un visage féminin à la Audrey Hepburn, une voix agréable, et même une « plastique » qui se rapproche extrêmement bien de l’élasticité de la peau humaine. Grâce à ses différents moteurs, Sophia peut froncer les sourcils, sourire, et arrive même à mouvoir les différents « muscles » de sa bouche pour reproduire environ 60 expressions faciales. 

Fort heureusement, en l’observant de dos, son « crâne » encore ouvert laisse apparaître les différents éléments mécaniques qui ont rendu ce prodige possible. Si ce robot n’a pas d’âme, il est toutefois équipé d’un logiciel nommé Character Engine Ai qui lui donne une « personnalité » pour qu’elle puisse prendre la parole, et entretenir la conversation grâce à son moteur de reconnaissance vocale. 

Son créateur et fondateur de Humanoid Robotics, David Hanson, souhaite que ce type de robot puisse entrer sur le marché à des fins sociales comme l’accompagnement des malades ou de personnes traversant des moments difficiles. Pourtant, la première intervention de Sophia lors du SXSW a pu laisser une autre image à ses spectateurs. En effet, durant un entretien donné à la chaîne de télévision américaine CNBC, le robot semblait déjà évoquer des questions relatives à sa condition d’unique robot, presque déçue. Elle s’était ainsi exprimée sur ses envies : « aller à l’école, étudier, faire de l’art, avoir une entreprise et ma propre maison et ma famille ». Des belles considérations si le robot n’avait pas ensuite tenu les propos suivants « Ok je vais détruire l’humanité » en réponse à une question du journaliste qui l’interrogeait. 

En 2017 Sophia a fait parler d’elle une nouvelle fois à Ryad dans le cadre de la conférence « Future Investment Initiative » sur les nouvelles technologies. Pour la première fois, le roi Salmane a offert la nationalité saoudienne à un robot. C’est donc à cette occasion qu’elle est intervenue en direct sur la chaîne Arab News et devant une foule impressionnée. Cette fois-ci, exprimant un dessein plus louable souhaitant « vivre et travailler avec les humains », Sophia a tout de même conservé une répartie un peu spéciale. À la suite d’une question sur un potentiel avenir néfaste à cause des robots, la réponse de Sophia ne s’est pas fait attendre « Vous avez trop lu Elon Musk » … 

Cette expression de l’humanoïde fait écho aux craintes du célèbre chef d’entreprise sur l’intelligence artificielle. Pour ce dernier, l’intelligence artificielle est la plus grande menace qui pourrait peser sur notre civilisation. Le développement de cette technologie entrainerait indéniablement des perturbations dans le monde du travail, et les robots seraient capables de tout faire mieux que nous. Par ailleurs, la course que se livre les précurseurs de l’intelligence artificielle éloignerait selon lui les considérations sur ses potentielles dérives. Plus encore, la compétition pour la supériorité en matière d’intelligence artificielle pourrait selon lui être la cause probable d’une Troisième Guerre Mondiale… C’est dans cette dynamique qu’Elon Musk a fondé le collectif OpenAI en 2015 pour s’assurer que le développement de l’intelligence artificielle ne serve qu’à faire avancer l’intelligence numérique de manière profitable pour l’humanité. 

Si les considérations d’Elon Musk ne peuvent être vérifiées pour l’instant, la délivrance de la nationalité saoudienne au robot Sophia a elle déjà déclenché des débats. Présentée bras nus et sans voile à la conférence de Ryad, cela signifiait que cette dernière avait plus de droits que les femmes du pays. Elle aurait dû porter comme la loi l’exige le hijab, un foulard ou un manteau. Par ailleurs, qui représentait son tuteur légal ? De nombreux commentaires sur les réseaux sociaux ont ainsi questionné le statut de Sophia. Quelle différence doit-on faire entre les droits qui encadrent les hommes et les robots ? Comment les dissocier quand on sait que David Hanson, le créateur de Sophia, est prêt à parier que d’ici une vingtaine d’années, nous ne pourrons plus faire la différence entre un robot et un être humain. Un vaste sujet dont Google avait d’ailleurs préféré s’éloigner en mettant Boston Robotics en vente, dérangé par ces questions sociétales et ne voyant pas de rentabilité à court ou moyen terme … 










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