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"Il faut des frontières", l'appel au référendum du macroniste Florian Bachelier


La Rédaction
Vendredi 23 Juin 2023



Voix singulière dans le camp Macron, l'ex-député LREM demande de «donner la parole» au «peuple souverain», sur fond de débats autour du projet de loi immigration. Sans quoi il met en garde contre le risque de se heurter au «mur lepéniste».

Ancien député (La République en marche, LREM) proche de l'ex-président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand, Florian Bachelier demande une politique migratoire plus ferme et appelle son camp à un référendum. L'objectif est d'«accueillir moins mais mieux pour se donner le temps d'intégrer», estime ce Marcheur historique issu du Parti socialiste, aujourd'hui avocat et fondateur du «laboratoire d'idées» La France unie, alors que l'exécutif finalise son projet de loi sur l'immigration.




Objet de négociations avec la droite, le projet Darmanin-Dussopt sur l'immigration vise à mieux sanctionner les étrangers délinquants tout en régularisant des travailleurs sans-papiers dans les «métiers en tension». L'exécutif a-t-il tardé à s'emparer de ce dossier régalien ?

Je le pense, oui. Sur ce sujet comme sur bien d'autres, il est urgent de reprendre la main et d'en faire la démonstration factuelle. L'épisode de l'Ocean Viking a été consternant à tous points de vue. Tous ceux qui y travaillent sérieusement, de gauche comme de droite, font depuis bien longtemps les mêmes constats et convergent sur la plupart des solutions.
 

Mais les deux extrêmes ont transformé les lâchetés des dernières décennies en fonds de commerce : l'agitation des peurs pour les uns, la culpabilité postcoloniale pour les autres. Le devoir d'un responsable politique est de regarder les réalités, celles que voit une majorité de notre peuple, et de proposer un chemin qui dépasse l'émotion.


Faut-il aller jusqu'à limiter l'immigration légale ? Plus de 320.000 premiers titres de séjour ont été délivrés l'année dernière, contre un peu plus de 277.000 en 2019...

Accueillir moins mais mieux pour se donner le temps d'intégrer, voilà où doit se situer la responsabilité. Accueillir moins, car c'est la demande de l'opinion, mais aussi l'intérêt des pays d'origine qui se voient aujourd'hui piller leurs savoir-faire - c'est une spirale sans fin. Accueillir mieux, car c'est l'intérêt de la société française, comme des personnes ayant vocation à devenir des citoyens comme les autres.
 

Dans le monde, la résolution des problèmes du Sud ne peut pas passer uniquement par l'afflux en Europe de ceux qui en sont victimes. C'est pour cela qu'il faut des frontières. Elles sont des portes qui s'ouvrent et se ferment de l'intérieur. Il n'y a pas d'hospitalité sans porte.
 

Arrêtons donc les rhétoriques éculées, fondées sur un diptyque fermeté-humanité vide de sens. Revenons à la loi décidée par le peuple souverain. Donnons-lui la parole via un référendum. Si nous ne changeons pas radicalement le modèle, alors le peuple tranchera cette question en 2027 via l'élection présidentielle. Et ce ne pourra être qu'en faveur du mur lepéniste.


Emmanuel Macron a pourtant exclu la piste d'une consultation dans un récent entretien à L'Opinion,en jugeant que l'immigration n'entre pas dans le champ du référendum défini à l'article 11de la Constitution...

L'avocat que je suis pense au contraire qu'il entre dans les deux premiers champs de l'article 11. Cessons d'infantiliser les électeurs. Au demeurant, s'il est un sujet politique en France qui exclut la raison du débat public classique, c'est la question migratoire. Or, cette question renvoie clairement au devenir de notre nation. Les Français savent de quoi il retourne concrètement, en termes d'accès aux services publics, de coûts sociaux, mais aussi de culture, de sécurité comme d'humanité.
 

Quand on prend la peine d'écouter les Français, on entend la peur du déclassement social, de la fin de la protection et même d'une dépossession culturelle. Ils savent qu'il n'y a pas d'État-providence possible sans frontière qui le délimite. Nous sommes un État-nation, pas une ONG. Et si les enfants des hauts fonctionnaires et des responsables politiques de tous bords fréquentaient les mêmes écoles que nos enfants, ça fait bien longtemps qu'on aurait arrêté cette petite partie de jokari.


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