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Prières musulmanes durant les récréations : l'éternelle impuissance de l'État


La Rédaction
Mercredi 21 Juin 2023



Dans une lettre adressée à Élisabeth Borne, le maire de Nice, Christian Estrosi, a alerté sur des prières musulmanes qui se seraient tenues dans des cours d'écoles. La journaliste et essayiste Céline Pina déplore un déni constant du gouvernement face à la montée de l'islamisme.

Ancienne élue locale, Céline Pina est journaliste à Causeur, essayiste et militante. Elle est la fondatrice de Viv(r)e la République, elle a également publié Silence coupable (Kero, 2016) et Ces biens essentiels (Bouquins, 2021).



À Nice, le maire Christian Estrosi a alerté l'État sur l'organisation de prières publiques à l'école par des enfants musulmans âgés de 9 à 11 ans ainsi que sur la tentative, dans un établissement, de mettre en place une minute de silence en l'honneur du prophète de l'islam, Mahomet. «Des faits intolérables», selon le ministre de l'éducation nationale Pap Ndiaye.

Si intolérables qu'ils ne font, pour l'heure, d'ailleurs l'objet d'aucune sanction et sont présentés comme «isolés» par la rectrice. Ce qu'il faut traduire par conjoncturel, donc ne relevant pas d'une offensive idéologique orientée contre l'école, la culture française et notamment sa dimension laïque. Autrement dit l'indignation de façade et la boursouflure verbale d'un communiqué conjoint entre la ville de Nice et le ministère seront les seules véritables réactions du pouvoir à cette affaire. Pas de quoi décourager les islamistes dans leur offensive. L'école apparaît ainsi de plus en plus comme un maillon faible, d'autant plus incapable de se défendre que parents et professeurs ont de moins en moins confiance dans l'institution.

Et on peut les comprendre, l'affaire de Nice apparaît comme un cas d'école où l'impuissance est d'autant plus marquée que l'indignation verbale se veut forte. Face à l'intolérable, pourquoi l'école choisit-elle la négociation et se montre incapable de la moindre autorité ? Car dans la réalité, le constat du caractère «intolérable» de ce qui s'est passé ne se traduit par aucune réaction substantielle. La seule réponse apportée par le ministère est en effet d'organiser des discussions autour de la laïcité avec les élèves et les familles et de mettre en place des modules de formation communs réunissant personnel municipal et personnel de l'éducation nationale. Les islamistes doivent être tétanisés par l'ampleur et la vigueur d'une telle réaction. Il ne manque plus que l'annonce d'une distribution de flyers et ceux-ci devraient être anéantis.

Il est en effet pénible, pour qui suit attentivement ces dossiers de voir l'Éducation nationale paraître découvrir tous les matins la réalité de l'emprise islamiste sur la population musulmane dans certains quartiers. Elle semble ouvrir à chaque fois de grands yeux étonnés sur le fait que l'école est la cible privilégiée de cette idéologie. L'islam politique voit en effet dans la laïcité un obstacle à son ambition totalitaire et impérialiste. La laïcité est la manière d'être d'un peuple qui croit en son libre arbitre et en sa capacité créatrice pour faire naître un monde commun et une société politique adossée à la raison humaine.

L'islamisme, lui, ne cherche que la soumission des hommes. Il mise sur la servitude volontaire, quand l'idéal laïque, lui, croit à la liberté et à la responsabilité. En cela la laïcité est difficile et exigeante car elle impose de grandir, là où l'islamisme laisse l'homme en enfance, irresponsable et baignant dans la pensée magique où l'on se soumet dans l'attente d'une rétribution de sa sujétion. La nécessité pour les islamistes de réislamiser la population musulmane en Europe, afin d'en faire un outil de pression pour rendre impossible son intégration dans la civilisation occidentale et imposer un multiculturalisme de fait, fait de l'école une cible.

Les valeurs de l'islam sont aujourd'hui incompatibles avec la notion d'égalité en droit des êtres humains, avec le concept de liberté d'expression et de conscience ; la réislamisation est un refus parfaitement assumé de l'intégration et porte une volonté de détruire notre société politique. Pour les islamistes, l'école est un outil au service de la civilisation occidentale. La réislamisation passe donc par un affrontement avec l'école.

Rien de nouveau sous le soleil. Cette démarche est connue, assumée notamment par l'État islamique en son temps, les frères musulmans, les wahhabites et les salafistes. L'offensive ne date pas d'hier et est parfaitement renseignée. Elle a débuté en 1989, avec l'affaire du foulard de Creil. Face déjà à l'incapacité de l'éducation nationale de réagir, il a fallu voter la loi de 2004 proscrivant le port de signes religieux. En réalité seul l'islam était en cause.

Petit à petit les études, sondages, monographies sont tous allés dans le même sens : emprise grandissante et non minoritaire des islamistes sur la population musulmane, entrisme de l'idéologie islamiste dans les institutions, censure et autocensure des institutions et du personnel, organisation et structuration des attaques lancées contre l'école. Depuis le rapport Obin, on ne peut que constater la progression de l'influence islamiste à l'école. Sur les élèves musulmans en premier lieu, mais aussi sur les jeunes professeurs, prêts à renoncer à la laïcité et sur les personnels encadrant qui ne veulent pas d'ennuis. La hiérarchie de l'éducation nationale cultive avec un bel acharnement le déni, au point qu'elle semble surprise à chaque nouveau scandale constaté.

Mais étant donné que le meurtre atroce de Samuel Paty n'a pas réussi à la faire réagir, on voit mal comment cette nouvelle provocation devrait la faire sortir de son apathie.

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