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Au croisement des Sciences humaines : l’Histoire de Marc Bloch


Mardi 13 Novembre 2012



Si l’œuvre de Marc Bloch jouit aujourd’hui d’une reconnaissance incontestée pour le rayonnement qu’elle a su conférer à la tradition française de la science de l’Histoire, elle n’en continue pas moins d'être débattue. Agrégée de philosophie et chercheuse à l’Institut d’études avancées de Paris, Florence Hulak propose ainsi une relecture de la synthèse historique développée par Marc Bloch au fil des fameuses Annales d’histoire économique et sociale.



Au croisement des Sciences humaines : l’Histoire de Marc Bloch
Société et mentalités – La Science historique de Marc Bloch (1) est le titre de l’ouvrage de Florence Hulak conçu comme un effort de compréhension de l’œuvre de Marc Bloch. Dans ce livre, l’auteure explore méthodiquement l’un des aspects qui font tout le brio des travaux de l’historien français : en l’occurrence, sa prise en compte dans l’analyse historique des mécanismes sociaux et de leurs imperfections.
 
En compagnie de Lucien Febvre, Marc Bloch inaugurait en 1929 la revue Les Annales. Derrière cette publication se cache un projet scientifique fondamental : celui de dépasser l’Histoire purement statique et descriptive au profit d’une science historique capable d’appréhender la complexité des liens existants entre les acteurs, la société et les faits historiques. Dans le cadre de cette démarche, Lucien Febvre et Marc Bloch se sont nourris des enseignements des sciences sociales et notamment de la sociologie d’Émile Durkheim. Marc Bloch tout particulièrement, s’est ainsi attaché à développer une synthèse historique empreinte de sociologie dont l’objet était d’appréhender la société dans son ensemble.
 
C’est ainsi que le titre de l’ouvrage de Florence Hulak, ainsi que l’objet de son étude prend tout leur sens. Car l’intérêt de Marc Bloch pour le fait social s’étend dans ses analyses aux « mentalités », et son travail incorpore également des considérations perceptuelles. Florence Hulak explique d’ailleurs en quoi cette posture intellectuelle a permis à Marc Bloch d’élucider des éléments historiques a priori inexplicables grâce à sa méthode.
 
Ces éléments difficilement appréhendés par « l’histoire historisante » dénoncée par les fondateurs des Annales, sont par exemple les mythes politiques, les conflits de classes ou, de manière plus générale, tout conflit généré par la cohabitation et la confrontation de composants anciens et nouveaux de la société. Ces éléments sont identifiés par Marc Bloch, et désignés par le nom de « décalages » sous la plume de Florence Hulak.
 
À l’aide de ce concept, l’auteure parvient à illustrer comment l’Histoire de Marc Bloch atteint ses objectifs et parvient à dresser un portrait dynamique des sociétés humaines. Ces « décalages » identifiés par l’historien sont en effet autant de moteurs de l’histoire. Les asymétries entre mentalité et réalité sociale comptent d’ailleurs pour beaucoup dans le déclenchement de processus d’évolution fondamentaux. Non sans faire un certain écho à la pensée de Marx, le travail de Marc Bloch ainsi présenté par Florence Hulak dévoile donc un peu plus l’étendue de sa capacité à éclairer les faits passés dans la perspective d’une meilleure compréhension du présent.
 
 
 
(1) HULAK, F., Sociétés et mentalités – La Science historique de Marc Bloch, Hermann, Philosophie, Paris, 2012, 352 pp..










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