SenseMaking
 



Ethnorégionalisme espagnol : un danger pour l'UE


La Rédaction
Mardi 29 Août 2023



Pour obtenir une majorité, Pedro Sanchez pourrait accorder aux langues régionales espagnoles le statut de langues officielles de l’UE. Un calcul court-termiste qui risque de réveiller les revendications régionalistes partout en Europe, analyse le politologue Benjamin Morel.



La proposition du gouvernement Sanchez de faire du basque, du galicien et du catalan des langues officielles de l'Union européenne, dont le pays assurera la présidence tournante, a pu quelque peu surprendre. Quand l'on sait que Madrid a été la capitale la plus active pour que l'Union prenne au sérieux le danger que l'ethnorégionalisme faisait courir aux États membres et à la stabilité du continent à la suite des référendums écossais et catalan, on peut s'en étonner.

C'est d'autant plus le cas en sachant qu'il s'agit là d'un élément du programme de Junts, formation de Carles Puigdemont classée très à droite, celui-là même qui avait enclenché le projet de sécession. Enfin, une telle proposition ne conduit même pas à acter d'un rapport de force électoral puisque les régionalistes ont subi une sévère défaite lors de ces élections, ne parvenant qu'à faire élire 28 députés. Pourquoi donc cette concession? Que nous dit-elle de l'Espagne et de l'Union?
 

L'Espagne traverse une crise politique profonde, malgré un paysage politique, dans ses grandes lignes, plus simple que celui de la France actuelle. Le pays connaît en effet deux blocs électoraux, gauche et droite, assez étanches et composés de deux grandes formations de gouvernement (le Parti populaire et le PSOE) et de deux autres plus radicales (Vox et Sumar). Le parti centriste libéral Ciudadanos, qui pouvait jouer le rôle de charnière, à la manière d'un Parti radical sous la IIIe République, a vu son électorat fondre comme neige au soleil ces dernières années et a renoncé à présenter une liste aux élections du 23 juillet.

 

Le mode de scrutin proportionnel par région est par ailleurs le plus favorable aux partis régionalistes qui sont largement surreprésentés. La politique de différenciation territoriale a, en Espagne comme ailleurs, profondément stimulé ces mouvements, entraînant un effet de surenchère entre partis et entre régions. Aujourd'hui, toutes les régions, même Madrid, disposent de formations ethnorégionalistes concourant aux élections. Avantagés et stimulés par le système politique, ces partis sont devenus les forces pivots d'un système politique dans lequel il apparaît très difficile pour une coalition de droite comme de gauche de disposer d'une majorité absolue.



LIRE LA SUITE





Dans la même rubrique :
< >

Mercredi 19 Juin 2024 - 09:00 Qui est l'agresseur ?








Les articles les plus lus


Inscription à la newsletter
Facebook
Twitter
YouTube