Identifier l’ennemi – Le nouveau défi relevé par l’École de Guerre Économique

C’est à cette question épineuse que répondent Christian Harbulot, Lucie Laurent et Nicolas Moinet dans un essai mêlant études de cas concrets et enquête auprès de professionnels de l’intelligence économique. Car c’est bien sur le terrain de l’économie que se porte leur travail, non qu’ils se désintéressent de la guerre en ces aspects militaires, mais parce que l’affrontement économique global précède, accompagne, et suit toujours, en fait, englobe les phases d’affrontement militaire. Et c’est d’ailleurs tout l’intérêt de leur démonstration que de rappeler qu’au-delà de multiples rapports, de mesures législatives limitées et d’interventions de l’exécutif très médiatisées, notre pays pêche encore et toujours par sa candeur, et l’absence de sens stratégique quand il aborde ces enjeux vitaux.

De la Chine accaparant des pans entiers d’infrastructures portuaires ou de terres arables européennes, aux États-Unis utilisant comme des armes leur droit et leur monnaie, mais aussi une dépendance cognitive de nos « élites » à leur modèle, pour s’emparer de fleurons de notre industrie pas encore emportés par la délocalisation, le lecteur non averti va de surprise en surprise tandis que le professionnel averti trouve la confirmation de ce dont sa pratique l’avait alerté empiriquement. Dans la liste des ennemis, le pompon revient peut-être à la maîtresse ingrate de l’imaginaire couple franco-allemand, l’Allemagne ayant montré depuis des décennies une rare constance à mettre en péril le modèle énergétique français, sachant instrumentaliser une tendance sociétale écologisante dont les incohérences annoncent des hivers sans chaleur, en France comme ailleurs.

Tout se lit donc avec le plus grand intérêt dans cet ouvrage bref et dynamique, dont un entretien sur Sud Radio donne un aperçu supplémentaire particulièrement alléchant.