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La souveraineté des États, sera-t-elle achevée par les GAFAMI grâce à leur emprise sur l’intelligence artificielle ?


La rédaction
Mercredi 9 Septembre 2020



Le nouveau maître du monde s’appelle GAFAMI. Pas un seul secteur ne leur échappe : e-commerce, publicité, défense, transport, banques, santé, éducation, et maintenant les assurances !



Mais où s’arrêteront les GAFAMI dans leur quête des marchés ? À en croire l’analyse apportée par le chercheur en intelligence artificielle (IA) Boussad Addad dans son livre “la face cachée de l’IA ” (VA Editions, 2020), presque aucun secteur n’échappera aux griffes des géant américains et chinois. La raison ? Leur emprise sur les trois piliers de l’intelligence artificielle : les données, la puissance de calcul, et les algorithmes. Ils collectent les données à travers leurs plateformes Internet et applications mobiles utilisées par des milliards d’individus dans le monde. Avec leurs énormes moyens financiers, et étant parfois fournisseur de cloud comme c’est le cas pour Amazon ou Google, ils ont accès à une puissance de calcul qui permet d’entraîner les algorithmes d’IA quasi illimitée. Les données et ces moyens de calcul leur facilitent naturellement la mise au point de modèles IA tellement sophistiqués et volumineux que rares sont les autres acteurs qui peuvent les reproduire. Ceci favorise aussi leur emprise sur les logiciels (dits frameworks) de programmation des algorithmes d’IA, ce qui leur procure toujours une certaine longueur d’avance sur tout le monde.

Conclusion, les GAFAM ont désormais un outil entre les mains qui leur ouvre l’accès à tous les marchés et il est fort à parier que personne ne leur résistera. C’est donc sans surprise qu’ils se précipitent sur les données de tout genre, y compris dans des domaines aussi critiques que la santé. IBM par exemple, pour ne citer que lui, car c’est similaire chez les autres GAFAM, a dépensé plus de 4 milliards $ pour acquérir des technologies et des données médicales en une seule année. L’acquisition de l’entreprise Merge pour la somme de 1 milliard $ a été son coup le plus spectaculaire. Il a ainsi mis la main sur quelque 30 milliards de radiographies et autres images médicales fournies par plus de 7500 établissements de santé américains, résultat d’une coopération s’étalant sur une période de 25 ans. Avec les autres nombreuses acquisitions, IBM est détenteur d’une base de données qui couvre 77 % de la population américaine ! Google qui est également très investi dans le domaine de la santé avec au moins deux Filiales, Verily et Fitbit, vient de se lancer dans le domaine des assurances en créant la filiale Coefficient Insurance. Avec toutes les données récoltées sur les gens, notamment sur leurs états de santé, comment ne pas penser qu’une personne fragile aura du mal demain à accéder à une assurance ?

Le secteur bancaire n’est pas à l’abri, bien au contraire. Amazon s’est associée à VISA et JPMorgan Chase pour proposer des cartes de crédit à destination de ses abonnés Prime depuis 2017. Apple s’est associé à Goldman Sachs pour proposer son offre Apple Card sans frais à partir d’août 2019. Google à son tour vient d’officialiser un partenariat, un projet baptisé “Cache”, avec Citigroup et un microétablissement de crédit de l’Université de Stanford pour proposer des comptes courants aux particuliers. Mais celui qui fait trembler le plus le secteur est sans conteste Facebook avec son projet de crypto monnaie “Libra”, accessible à tout détenteur d’un smartphone et un compte sur le réseau social, soit environ 2,7 milliards d’utilisateurs potentiels dans le monde. Les banques seraient évidemment les grandes perdantes de cette offensive. Les paiements représentent entre 20 et 30 % de leurs revenues, dont les frais sur plus de 613 milliards de dollars en transfert internationaux, d’après la banque mondiale pour la seule année 2017. Plus encore, le pouvoir de Facebook dépasserait de loin celui des banques avec la Libra, car non seulement elle disposerait des habitudes d’achat, mais également de toute la base de données permettant le profilage des utilisateurs. Ceci renforcerait la position du réseau social dans le domaine de la publicité, secteur duquel il tire la majeure partie de ses revenus. Facebook serait en mesure d’aider les annonceurs à créer des produits financiers sur mesure, mais en leur dictant les prix et condition d’accès aux clients tant sa position de monopole serait encore renforcée.

Boussad Addad
Boussad Addad
On cite ici deux domaines importants que sont la santé et la monnaie, mais ceci concerne en réalité tous les autres. Que restera-t-il du pouvoir des États face aux GAFAM dans dix années ? Il faut noter que le seul Apple, par ailleurs en tête des GAFAM en termes d’investissements en ayant racheté pas moins de 20 startups spécialisées en IA depuis 2010, a une valorisation boursière qui avoisine le PIB de la France. L’action de la firme à la pomme a doublé en seulement deux ans ! Et on ne découvre là qu’un petit coin d’une face cachée de l’IA bien plus vaste…










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