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Le maire de Montpellier veut rétablir un cadre pour la jeunesse


La Rédaction
Mercredi 5 Juillet 2023



Crise de l’autorité, culture de l’excuse, exemplarité défaillante… Le maire PS de Montpellier expose les raisons qui, selon lui, ont libéré la violence des émeutiers.

Michaël Delafosse ne veut pas qu'on s'apitoie sur son sort. Ces derniers jours, le maire PS de Montpellier a passé pas mal de nuits à arpenter sa ville, à discuter avec ses habitants, à se démener pour que les dégâts dus aux émeutes soient réparés au plus vite, mais il dit que les maires sont « là pour ça ». Il s'inquiète surtout pour les policiers et les pompiers, les premières lignes des nuits de violence. Michaël Delafosse s'alarme aussi de l'affaiblissement généralisé de l'autorité, ferment à ses yeux des émeutes. Il s'en explique.




Le préfet de l'Hérault a mis sur la table la question de l'autorité parentale avec une phrase choc à destination des jeunes qui se comportent mal : « C'est deux claques et au lit ». Vous approuvez ?

La question de l'autorité parentale est, en effet, le vrai sujet. L'accompagnement à la parentalité est essentiel. Parfois, des parents sont dépassés par des situations, comme lors de la crise de l'adolescence. Je n'ai jamais vu un parent écrire une lettre de démission. En revanche, j'ai vu des mères seules avec des enfants en situation de vulnérabilité sociale. Il y a beaucoup de géniteurs, mais pas beaucoup de papas qui assument leur rôle.

On fait quoi quand un ado devient chouffeur (surveillant des réseaux de drogue, NDLR) ? Peut-on ensuite le remettre dans le cadre scolaire ? Cette question sociale doit être traitée. Les parents de tous les mineurs interpellés à Montpellier durant les émeutes seront convoqués en mairie. Je leur parlerai, pour rappeler qu'il y a un cadre. Aucun enfant n'a vocation à être dans les rues à 23 heures ou minuit. De même, quelle doit être l'attitude des parents face aux écrans et aux réseaux sociaux, par exemple ? Ces questions doivent être prises à bras-le-corps.

Êtes-vous favorable, comme Franck Louvrier, à l'interdiction provisoire des réseaux comme Snapchat et TikTok durant les émeutes ?

Les réseaux sociaux sont un poison pour la démocratie, tout le monde s'accorde à le dire. C'est donc un venin pour les jeunes, qui sont en cours de formation. Ce phénomène nécessite une réponse d'abord éducative. Les réseaux sociaux peuvent dénaturer un débat démocratique, encore plus pendant les périodes comme celles que nous venons de vivre.

La crise de l'autorité ne concerne pas que les parents…

Non, il y a une crise de l'autorité publique. Il y a quelques semaines, à Reims, une femme a été tuée parce qu'elle portait une blouse blanche  ; un peu partout, les pompiers, une profession que beaucoup de jeunes veulent embrasser, se font caillasser ; et j'ajoute les jugements globalisants sur la police, même si on attend de la police républicaine l'exemplarité…

Vous évoquez la phrase de Jean-Luc Mélenchon, « la police tue » ?

Quand on porte des jugements simplistes, on participe à l'affaiblissement de l'autorité. C'est la même chose quand on entend dire : « Les profs sont nuls. » Je citerai Jean Birnbaum : « Il faut retrouver le courage de la nuance. » J'ajoute que les fonctionnaires, qui incarnent la fonction d'autorité, se retrouvent dans des situations de solitude qui participent à leur affaiblissement. Ils ne sont pas assez soutenus, pas assez protégés, on leur intime de ne pas faire de vagues. Tout cela participe à ce que Jérôme Fourquet appelle le phénomène d'archipélisation, qui peut conduire à une forme de fragmentation. Or, s'il y a bien des personnes dans lesquelles on peut avoir confiance dans ce pays, ce sont les soignants, les pompiers, les professeurs, c'est aussi la police.

Pensez-vous qu'en termes de délitement de l'autorité nous avons atteint un point de non-retour ?

Non, je suis optimiste. Mais il faut une remobilisation. On ne doit pas céder aux peurs, donner le sentiment qu'on recule. Pendant ces jours d'émeutes, j'ai vu des gens dormir dans leurs voitures pour les protéger. Les phénomènes de violences frappent toujours les plus fragiles. Il est important de reposer des repères. En la matière, je tiens à souligner que le calendrier scolaire a fait beaucoup de mal. Voilà un mois que les collégiens et les lycéens ne sont plus à l'école. Ce délitement du calendrier scolaire crée des tensions. Le respect de l'année scolaire est important.

L'année scolaire est un repère, elle ne doit pas se terminer avec trois mois de vacances. Elle ne doit pas non plus commencer une semaine après le début fixé. Il faut tenir bon sur les règles qui fondent la vie en société. De la même manière, on doit être intraitable quand il y a un manquement déontologique d'un fonctionnaire. Certaines déclarations de gens qui ont le statut de policiers sont inacceptables.

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