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Le paradoxe olympique vu par Pascal Boniface


Jeudi 16 Août 2012



Éminent géopoliticien et fondateur de l'Institut des Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), Pascal Boniface signe en mai 2012 un ouvrage particulièrement actuel. JO Politiques(1) met en lumière la dimension politique et diplomatique de la plus grande manifestation sportive internationale. À quelques mois des Jeux Olympiques de Londres, la parution de cet ouvrage est également l'occasion de découvrir ce que Pascal Boniface présente volontiers comme la géopolitique du sport.



Le paradoxe olympique vu par Pascal Boniface
Plus qu'une simple chronologie des Jeux Olympiques, JO Politiques se présente comme un effort réussi de contextualisation de chaque olympiade dans l'état des relations internationales de son époque. Bien au-delà de l'exemple tristement célèbre des Jeux de 1936, Pascal Boniface retrace ainsi dans son livre et à travers le prisme géopolitique le déroulement des Jeux de 1968 à Mexico, de ceux de 1980 à Moscou. Il n'est pas jusqu'aux JO de 2012 qui font l'objet d'une analyse rappelant les enjeux de la manifestation pour le Royaume-Uni destiné à accueillir l'évènement.
 
Se positionnant résolument à la croisée de la recherche géopolitique et de la réflexion sur le sport, JO Politiques est également l'occasion pour Pascal Boniface de mettre en lumière la contradiction originelle de l'esprit des jeux. L'auteur démontre sans grande difficulté en effet le caractère mythique de l'apolitisme qui irrigue la lettre de la Charte olympique. Les Jeux ont en effet régulièrement été instrumentalisés par le discours politique sans que le Comité International Olympique ne puisse véritablement s'y opposer.
 
Cet état de fait questionne la légitimité même de l'existence des Jeux Olympiques dont l'objet est de promouvoir le vivre ensemble à travers le sport. Aussi regrettable que cela puisse paraître à tous les amoureux du sport, il n'est pas certain que Pierre de Coubertin n'ait jamais réussi à ériger le sanctuaire sportif qu'il souhaitait pour permettre aux nations d'échanger à l'abri de toute tension politique.
 
Pierre de Coubertin fit en quelque sorte lui-même un demi-aveu d'échec en désignant Lausanne comme site d'accueil du CIO. Ce choix fut en effet motivé par la volonté d'héberger l'organisation des Jeux dans un pays neutre ; mais la neutralité n'est-elle pas également une posture tout à fait politique ? Du vivant même de son fondateur, les JO ont, à leur insu ou non, servi bien des desseins politiques et parfois même bien au-delà des discours. En 1920, Budapest s'est vu retirer le privilège d'organiser les jeux : celui-ci revint alors aux gagnants de la Première Guerre et fut attribué à Anvers en Belgique.
 
Les jeux de 1920 ne sont qu'un exemple parmi de nombreux autres plus ou moins connu. En temps de Guerre Froide, les jeux de Moscou en 1980 et ceux de Los Angeles en 1984 ont été largement boycottés par les représentants de deux blocs. Aux représailles diplomatiques s'ajoutent parfois les représailles sportives. Malgré leur apolitisme affiché et leur vocation rassembleuse, les Jeux Olympiques n'ont cessé de l'illustrer tout au long de leur histoire. Ils contribuent en ce sens à renforcer le crédit Pascal Boniface et de son concept de géopolitique du sport.
 
 
 
(1)BONIFACE, P., JO Politiques, Edition Jean-Claude Gawsewithc, 2012, 253 pp..










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