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Lutte contre le surpoids : un enjeu de société qui mobilise structures publiques et privées


Jeudi 7 Septembre 2023



La puissance publique ne peut pas tout. Et le secteur de la santé – en souffrance ces dernières années – n’échappe évidemment pas à la règle. Dans le combat qu’ils mènent contre le surpoids de la population, l’État et le ministère de la Santé peuvent compter sur l’appui et l’expertise d’acteurs privés, pour la prise en charge des patients.



Il n’y a plus une minute à perdre. Aujourd’hui, la lutte contre le surpoids est devenue incontournable tant les derniers chiffres sont alarmants. Selon Ameli, « le surpoids concerne 47% des français adultes. Les hommes sont plus souvent en surpoids que les femmes (36,9% contre 23,9%) ; 17% seraient obèses : 17,4% d’obèses chez les femmes contre 16,7% chez les hommes ». Et plus on avance en âge, plus les risques se démultiplient : la surcharge pondérale serait deux fois plus élevée chez les 55-74 ans que chez les 18-39 ans.
 
Si les pouvoirs publics semblent bien conscients du problème – en particulier sur les cas les plus graves d’obésité –, ils ne peuvent pas mener de front tous les combats. Pour avoir une chance de gagner cette bataille contre le surpoids en général, ils voient aujourd’hui se développer, dans l’écosystème médical, plusieurs acteurs privés de référence.

Une bataille d’utilité publique

Cette bataille contre le surpoids est désormais d’utilité publique. Car le surpoids est responsable de très nombreuses maladies, avec leur lot de complications et la charge financière que leur traitement fait peser sur les finances publiques et sur la Sécurité sociale. La liste des maladies liées à la surcharge pondérale est connue, et malheureusement très longue : hypertension artérielle, cholestérol, infarctus du myocarde, accidents vasculaires cérébraux, SAOS, artérite, varices et phlébite, diabète de type 2, stéatose du foie (NASH), reflux gastro-œsophagien, ovaires polykystiques... jusqu’à des cas avérés de cancers (prostate, sein, œsophage, colorectal, etc.). Sans parler des conséquences psychologiques sur les malades. Malheureusement, les médecins de famille, surchargés de travail, sont souvent dans l’incapacité de prendre le temps nécessaire pour traiter les origines de ces pathologies.
 
De nombreuses études scientifiques l’ont démontré : il faut s’attaquer aux racines du mal – la mauvaise nutrition et la sédentarité – afin de traiter les causes et les conséquences du surpoids. Pour y parvenir, seules des approches pluridisciplinaires donnent des résultats efficaces à court, moyen et long terme. C’est la vocation affichée de plusieurs centres privés en France, dédiés à la lutte contre la surcharge pondérale. Accompagnés par des diététiciens, les patients ont alors une vraie chance de mener à bien leur perte de poids, et ainsi de réduire nettement les risques de comorbidité liés à l’excès de graisse. « En général, explique Rémy Legrand, concepteur de la thérapeutique non-médicamenteuse pour la prise en charge des patients atteints de surcharge pondérale baptisée RNPC (Programme de rééducation nutritionnelle et psycho-comportementale), les personnes qui sont envoyées par leur médecin dans un centre RNPC ont pris du poids sur une période assez longue de 5, 10, à 15 ans, pour des raisons souvent indépendantes de leur volonté, et qui, en plus, ont tendance à s’accumuler au fil des années. Très souvent, ces personnes n’ont pas conscience des conséquences de leur surcharge pondérale sur leur état de santé, surtout lorsqu’elles ne sont pas en situation d’obésité sévère. C’est là que nous intervenons. »
 
Environ 110 centres de ce type, répartis sur toute la France, assurent une prise en charge s’appuyant sur les enseignements de grandes études interventionnelles telles que DiOGenes, DiRECT et LEGACY  : entretien individuel avec un diététicien, mise au point d’un programme alimentaire personnalisé, adapté à l’état de santé du patient, suivi diététique assuré par un médecin et un diététicien… L’objectif, à terme, est de « rééduquer » les patients dans leur rapport à la nutrition.

Rééduquer les patients face à la nutrition

Sujet complexe, le rapport à la nutrition est un des aspects évoqués lors du 3e Congrès RNPC qui s’est tenu le 1er juillet dernier à Marseille. Réunissant de grands noms de multiples disciplines, cet événement a permis au professeur Charlotte Costentin, hépato-gastroentérologue, spécialiste mondial de la NASH et auteur de multiples études à ce sujet de faire un bilan des connaissances actuelles. Il estime que le problème de la graisse ectopique et de de l’obésité est commun à de multiples spécialistes (diabétologues, cardiologues, néphrologues, hépatologues, etc.). Ainsi, la rééducation nutritionnelle n’est pas du ressort du seul nutritionniste ou diététicien. Les avis médicaux et les parcours de soins doivent être pluridisciplinaires afin d’apporter la réponse la plus efficace aux patients. Une efficacité qui dépend en partie d’un diagnostic précoce. Des avancées ont été faites dans ce domaine comme l’explique le professeur Serfaty  : « Face à l’augmentation du nombre de malades, l’hôpital de Strasbourg a mis en place un dépistage systématique des patients à risque : un test nommé FIB 4, qui repose sur une formule mathématique permettant d’établir la NASH. Les soignants espèrent voir la généralisation pour poser un diagnostic le plus précocement possible ».
 
Une fois ce diagnostic fait, le processus de perte de poids doit donc faire l’objet d’un suivi pluridisciplinaire. C’est ce que propose le centre Chrysalide, au Mans, qui travaille sur le même thème du surpoids et de l’obésité, parallèlement aux structures publiques. « Nous proposons une prise en charge aux patients en surpoids ou souffrant d’obésité, avance Marie-Françoise Payen, coordinatrice du centre. Le surpoids et l’obésité – qui est une maladie chronique et complexe – nécessitent une prise en charge globale et pluridisciplinaire, bio, médico, psycho et sociale. Chaque patient bénéficie d’un programme personnalisé de suivi avec différents intervenants, comme le médecin nutritionniste, les diététiciennes et les psychologues. » Chaque cas passe alors devant une commission réunissant les différentes compétences afin de mettre en place un protocole adapté. Toutes ces solutions sont ouvertes à toutes et à tous, quel que soit l’âge. 

Le surpoids pèse sur les finances publiques

L’apport des centres privés dédiés à la lutte contre le surpoids est un vrai plus pour les pouvoirs publics dans leur stratégie nationale. Outre la meilleure santé des Français, l’État peut y voir un intérêt économique : les maladies listées plus haut coûtent cher aux finances publiques. « La surcharge pondérale entraîne deux autres types de coûts, les coûts ‘directs’ et ‘indirects’, précise Rémy Legrand, concepteur du programme RNPC. Une étude réalisée en 2008 évaluait entre 11,5 et 14,5 milliards d’euros pour 2020 ces coûts liés à l’obésité. Les coûts directs font référence aux examens cliniques remboursés par la sécurité sociale (bilans sanguins, IRM, scanners, etc.), les médicaments et les appareillages médicaux (pompe à insuline, masque contre l’apnée du sommeil, etc.), tandis que la baisse de productivité au travail et l’absentéisme, par exemple, sont des coûts indirects dont l’impact sociétal est aussi extrêmement fort. » Fort de ce constat, les initiatives privées sont les bienvenues afin d’épauler les pouvoirs publics et faire face aux enjeux de santé qui se dressent de plus en plus pressement. 










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