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Urbanisme, architecture et design: le béton sur son 31 !


La Rédaction
Mardi 23 Mai 2017



Grâce à ses variations de volume, de couleur et de matière, le béton offre aux architectes une large palette de possibilités esthétiques. Ses nouveaux atouts confortent la place de ce matériau dans l’architecture et l’urbanisme contemporains.



Reconnu pour sa résistance exceptionnelle et sa durabilité, le béton est aussi « une matière malléable, qui fournit une grande liberté de création », souligne l’architecte Claude Parent. Philip Jodido, l’un des auteurs internationaux les plus lus dans le domaine de l’architecture y voit « l’un des matériaux les plus nobles de l’architecture contemporaine » alors que pour l’architecte japonais Tadao Andō, c’est tout simplement « le marbre du XXe siècle ».
 
Quant à Rudy Ricciotti, comme il le dit lui-même, son choix de « travailler avec le béton est une affaire de croyance, au sens politique et esthétique ». Pour réaliser « l’écriture minérale » du MuCEM de Marseille (Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée), l’architecte français a ainsi poussé à l’extrême les qualités du béton fibré à ultra-hautes performances, employé dans l'industrie, notamment pour créer les 384 panneaux de résille qui constituent l'enveloppe et la « signature sensuelle » du bâtiment.
 
La liberté des formes
 
Le volume, la couleur et l’aspect du béton peuvent en effet varier quasiment à l’infini, offrant aux architectes une matière idéale pour exprimer toute leur créativité. La plasticité du matériau lui permet de prendre toutes les formes possibles grâce à la réalisation de moulages et de coffrages. Selon sa composition, il adopte également différentes couleurs, qui peuvent être renforcées par l’ajout de pigments. Enfin, sa surface peut être satinée ou granuleuse, proposer des anfractuosités ou des aspérités, ou même arborer des dessins décoratifs.
 
Très malléable à l’état frais, le béton est en effet l’un des rares matériaux capable de prendre la forme du coffrage ou du moule dans lequel il est coulé, puis de conserver cette forme une fois qu’il a durci. Son volume sera donc déterminé par le moule ou le coffrage utilisé, laissant ainsi une grande liberté d’expression aux concepteurs de bâtiments.
 
Chaque ouvrage ou chaque élément d’ouvrage peut être ainsi constitué d’une association de surfaces élémentaires planes, circulaires ou plus complexes. Cube, prisme, sphère, cône, dôme, pyramide, parabole… Avec le béton, n’importe quelle figure géométrique est imaginable, sans que le matériau perde ses qualités naturelles. Grâce à la solidité et à la plasticité du béton, les structures peuvent même donner l’impression de s’affranchir de la gravité. Les enveloppes se font ainsi aériennes, se déploient, ondulent, se fragmentent ou forment des résilles…
 
Quand le béton prend des couleurs
 
Le béton est aussi un matériau « caméléon » qui peut changer de couleur dans une palette quasiment illimitée : gris, blanc, jaune, ocre, rouge, brun, marron, noir, vert, bleu... Tout dépend d’abord de ses composants. Chaque constituant – ciment, sables, granulats, « fines », pigments – a en effet une influence sur la teinte finale ; le ciment – gris ou blanc – et les éléments les plus fins du sable étant les plus déterminants sur la couleur de fond du béton brut. La teinte des granulats varie, elle, selon leur nature : jaune, rose, gris ou vert pour les granites par exemple ; noir, bleu, rose, beige, blanc ou vert pour les marbres.
 
En sélectionnant les constituants, on peut ainsi faire varier à volonté la couleur du béton. D’autant que celle-ci peut également être modifiée par l’ajout de pigments, naturels ou de synthèse. Peinture, lasure, teinture : différentes techniques sont utilisées pour donner des couleurs au béton. Dans le cas des bétons traités, la couleur des plus gros éléments influence aussi la teinte du matériau. Les granulats peuvent ainsi être mis en valeur par le traitement.
 
Texture : le béton soigne son apparence 
 
La surface du matériau peut, elle aussi, prendre différents aspects. La texture des parements résulte à la fois des moules utilisés et des traitements appliqués sur le béton frais (lissage, profilage, lavage, etc.) ou sur les bétons durcis (désactivation, sablage, grésage, etc.). Après lavage ou désactivation, par exemple, la texture du matériau dépend en grande partie de la composition granulaire du béton.
 
Ce large éventail de traitements de surface permet de modifier la texture du matériau. Le lavage, par exemple, met en valeur le granulat sans en modifier la teinte. Le brossage met à nu les granulats et donne ainsi au béton une texture légèrement granuleuse. Quant au sablage, opération très délicate, il consiste à attaquer le parement avec un jet de sable projeté à l’air comprimé pour éroder légèrement les granulats : ceux-ci sont alors plus clairs et la surface plus homogène. Autant d’effets de matière qui pourront également être renforcés par la lumière.
 
Bétons bouchardés (martelés avec des burins), bétons grenaillés (bombardés avec des billes d’acier), bétons polis, bétons grésés (laissant apparaître l’ensemble des composants et offrant une surface rugueuse)… Tous ces traitements permettent de jouer avec la matière du béton. Grâce à ces variations et aux nouvelles générations de béton, ce matériau a su s’offrir une place privilégiée dans les projets architecturaux. Aujourd’hui, il devient même, de plus en plus souvent, un matériau de décoration qui inspire les designers.










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