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Pour Christophe Desjours, la souffrance s'aggrave encore dans le monde du travail


La Rédaction
Mercredi 25 Avril 2012



La souffrance constitue aujourd’hui un problème sociétal d'envergure qui ne cesse de croitre. Depuis la vague de suicides chez France Télécom, il y a certes une prise de conscience, mais concrètement les choses semblent ne pas avancer.



Pour Christophe Desjours, la souffrance s'aggrave encore dans le monde du travail
L’avis de Christophe Desjours

Le spécialiste de la souffrance au travail, Christophe Desjours, psychiatre et psychologue, remet en cause le management, mais constate aussi que la souffrance des dirigeants s'aggrave elle aussi. Les méthodes de management sont selon lui devenues dangereuses aussi bien pour les salariés que pour les dirigeants, car au final le collectif se perd avec pour conséquence le mal-être dans l'entreprise. Les salariés ne travaillent plus ensemble, les dirigeants s’éloignent de leurs employés, et les managers ne communiquent plus. Le problème réside selon Christophe Desjours dans la perte des connaissances des sciences du travail, délaissées pour les sciences de la gestion. C'est de là que les rapports humains ont commencé à se dégrader. Pourtant, il n'est pas difficile de démontrer, et beaucoup le savent, que le travail doit s'effectuer dans l'approche globale du sens de la vie, à savoir que chacun, éprouve des émotions, a des désirs, et peut être capable d'implication collective ou individuelle, lorsque les conditions sont propices. Et pour parler de conditions, celles du travail sont trop souvent mal observées par les gestionnaires, car ils ont une mauvaise approche du terrain. Toujours axés sur des objectifs et ne regardant que les chiffres, ces derniers ont beau être d’excellents gestionnaires, ils ne savent plus gérer le travail.

La souffrance est devenue une habitude

La situation est parfois très grave avec un accroissement considérable de la souffrance. La succession des suicides chez France Télécom  nous montre bien que certaines situations peuvent avoir une issue dramatique.   Suite à ces événements, 2009 fut l'année des remises en questions. Il y a de toute évidence une prise de conscience générale au niveau des dirigeants, mais force est de constater que les conditions de travail ne s'améliorent pas, au contraire, la bonne volonté des managers et dirigeants peut s'avérer créatrice d'un plus grand mal être. On pourra citer le recours de plus en plus fréquent au "lean management", qui se veut respectueux des employés, mais qui sur le terrain améliore autant les conditions de travail qu'il ne les dégrade sous d'autres aspects. La souffrance fait désormais partie du quotidien des employés, à tel point que certains ne s'en plaignent plus. Finalement, pour que la souffrance ne persiste pas, c'est dans le fond des problèmes organisationnels qu’il faut aller. Les approches managériales ont été éprouvées par la crise et il est temps de se résoudre à la conclusion qu’elles sont inefficaces. Et pour trouver des solutions, il faut appréhender les modèles économiques et sociaux dans leur globalité, quitte à s'en remettre à la philosophie pour créer des modèles innovateurs qui sachent considérer le social à sa juste valeur.










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