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130 entreprises sensibles reprises par des étrangers en 2022, une faute de Bercy ?


La Rédaction
Jeudi 11 Mai 2023



Frictions avec les États-Unis sur le plan d’aide massif aux entreprises de l’IRA, tensions avec la Chine, guerre en Ukraine : malgré les affrontements géopolitiques, Bercy n’a pas pris de virage « protectionniste » sur le contrôle des acquisitions étrangères d’entreprises en 2022. Les années sont révolues de crise autour des ventes d’Alstom, Photonis et autres Couche-Tard.



Selon le dernier rapport annuel du Trésor sur le contrôle des investissements étrangers en France, dont « Les Echos » ont eu copie, Paris a autorisé l’an dernier 131 rachats d’entreprises jugées stratégiques (sur 325 dossiers déposés) réalisés pour l’essentiel par des non -Les investisseurs européens, menés par les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni.
 

C’est un peu plus qu’en 2021 – 124 acquisitions étaient alors autorisées sur 328 dossiers déposés dans l’énergie, la défense, la sécurité, les transports, la santé publique, ou encore la sécurité alimentaire et les technologies critiques. Mais entre-temps, le marché s’est détérioré. Le volume des acquisitions d’entreprises françaises par des investisseurs étrangers a chuté de 20 % en 2022, à 40,6 milliards de dollars, selon les chiffres de Refinitiv.
 

Le fabricant de composants passifs notamment pour le Rafale, Exxelia, s’est ainsi retrouvé dans les bras de l’américain Heico, sans déclencher de veto comme Photonis. Le leader de l’intelligence économique ADIT, dans laquelle l’Etat détient une part préférentielle, a rejoint le fonds canadien Sagard. La seule agence française de conseil en vote Proxinvest a été rachetée par le géant américain Glass Lewis. Le spécialiste de l’électricité verte Plüm fait désormais partie du cinquième fournisseur britannique d’électricité et de gaz, Octopus Energy. Et c’est un consortium australo-germano-canadien qui a repris le spécialiste de l’énergie photovoltaïque Reden Solar.


« Partage en or »

Or, des engagements comme le maintien du siège social en France ou sur les emplois ont été imposés dans environ la moitié de ces reprises autorisées, souligne le rapport de Bercy. C’est le cas d’Exxelia, au capital de laquelle l’Etat a négocié une « golden share ».
 

Au final, l’an dernier, la moitié des demandes formulées ont été soit rejetées, soit retirées par les acheteurs eux-mêmes en prévision d’un refus ou pour d’autres motifs. Les fonds, qui représentent l’essentiel des investisseurs finaux dans les opérations visées par le Trésor (47,4%), pourraient avoir rencontré des problèmes de financement. Certains dossiers sont également encore en cours d’instruction ou considérés hors du périmètre des entreprises visées par le Trésor.
 

Libéral, Bercy dit toutefois garder la main ferme. Face à la crise de l’énergie, l’abaissement jusque-là temporaire du seuil de contrôle, de 25% à 10% des droits de vote acquis par un investisseur étranger dans une société cotée, est gravé dans le marbre.

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