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Le GPE, un accélérateur de développement technique et humain


La Rédaction
Lundi 7 Février 2022



Après les deux premières parties consacrées au dialogue avec les parties prenantes et la réalité des chantiers, voici le troisième et dernier volet de notre visite au cœur du Grand Paris Express, en compagnie de l’un des géants du BTP français, Eiffage. Fort de sa politique de développement humain et technique, le groupe regarde déjà vers l’avenir.



L'Homme au centre de tout chantier, image d'illustration
L'Homme au centre de tout chantier, image d'illustration
Les dessous du Grand Paris Express (3ème partie)

« Grâce à des trains qui pourront rouler jusqu’à 110km/h, les 33km de ligne voyageurs seront parcourus en 35mn à la vitesse moyenne de 55km/h, expliquait Guillaume Pons, directeur de projet de la Société du Grand Paris, en janvier 2020. À sa mise en service mi-2025, la Ligne 15-sud sera empruntée chaque jour par 300000 voyageurs, puis 500000 avec la mise en service de l’ensemble de la rocade. Elle permettra aux Franciliens des gains de temps très significatifs et desservira des territoires qui ne le sont pas ou mal aujourd’hui. Les habitants proches de cette ligne pourront ainsi mieux accéder quotidiennement aux emplois de l’Ile-de-France. » Tout est résumé ici dans cette feuille de route : le Grand Paris Express (GPE) est la grande aventure humaine et technique dont avait besoin la région francilienne. À tous les niveaux.
 
Pour réussir son pari, le donneur d’ordres – la Société du Grand Paris donc – a mis toutes les chances de son côté en réunissant les fleurons de l’industrie du BTP française, dont le groupe Eiffage qui œuvre – avec toutes ses filiales – et conçoit plusieurs tronçons des futures lignes du métro de la Grande couronne.

 
Délais tenus grâce à la co-activité
 
Les premiers tronçons justement devraient être opérationnels pour le grand rendez-vous des Jeux olympiques de juillet 2024. Malgré le retard engendré au printemps 2020 par le premier confinement, les délais initiaux sont toujours d’actualité. « Nous sommes toujours prêts pour qu’une partie du GPE soit en service pour les Jeux olympiques de 2024, assure Pascal Hamet, responsable du lot 1 de la Ligne 16 chez Eiffage Infrastructures. Sur ce lot de travaux, Eiffage est en charge de la construction du dernier tronçon de la Ligne 14, d’un tronçon de la future Ligne 15, d’un tronçon de Ligne 17 et un plus large tronçon de la Ligne 16. […] Compte tenu de l’avancement du projet, et surtout sur le tronçon le plus sensible par rapport à l’ouverture des J.O. en juillet 2024, nous sommes toujours en ligne avec nos objectifs. Ces derniers dépendent maintenant du pilotage des autres lots par le maître d’ouvrage et par ses coordinateurs. Aujourd’hui, nous sommes tous impliqués, les équipes du génie civil sont en interface avec les équipes d’aménagement, toutes doivent être transparentes pour assurer cette coordination. » Cette coordination entre les différentes filiales d’Eiffage et ses entreprises partenaires se doit donc d’être parfaite.
 
La co-activité entre différents corps d’ouvrage sera de fait la pierre angulaire de la réussite du chantier du siècle en Europe. La consolidation des structures géologiques, la construction des ouvrages, l’aménagement des tunnels, l’installation des rails… tout se joue selon une partition où la communication entre tous les acteurs est essentielle. « Le chantier du lot 1 de la Ligne 16 nous a été notifié en février 2018, avec un délai de 69 mois, soit un peu moins de 6 ans, se souvient Pascal Hamet. Nous venons de dépasser la moitié de ce délai : fin 2021, nous aurons construit 80% du projet en génie civil, sachant que nous ajouterons un complément au génie civil, nouveau et inhabituel, avec l’installation des voies et des caténaires. C’est le seul marché du GPE qui est fabriqué de la sorte. Ici, ce sera Eiffage Rail, en partenariat avec un opérateur extérieur (TSO) que nous sommes allés chercher notamment parce qu’il a une expertise complétant celle d’Eiffage Rail, suite au projet Crossrail à Londres. » Les derniers 20% du chantier s’étaleront quant à eux sur plus de deux ans, avec l’aménagement intérieur des gares, la pose du carrelage, des tourniquets, des caméras de surveillance, des escalators…
 
Pour tenir les délais imposés par la SGP, le groupe Eiffage peut s’appuyer sur l’expérience acquise lors d’un précédent projet, majeur : la ligne de TGV Bretagne Pays de Loire. « Sur ce chantier-là, à partir d’un certain moment, nous avions procédé par co-activités pour tenir les délais, rappelle Imed Ben Fredj, directeur des supports opérationnels chez Eiffage Infrastructure. Sur des chantiers de cette dimension, si vous juxtaposez les différentes phases, les travaux dureront 8 à 10 ans. Le seul moyen de compresser le temps est de travailler par fenêtre : il ne faut pas attendre de finir tout le génie civil avant de passer à la phase ultérieure, il faut travailler par tronçons intelligents. Un peu comme dans un bâtiment où, au moment de construire le dernier étage, la plomberie a déjà commencé au rez-de-chaussée. Nous appliquons cette co-activité sur les chantiers du GPE en cours, et nous ferons de même – si nous sommes retenus – sur les nouveaux appels d’offres des lots de conception-réalisation sur les Lignes 15-ouest et 15-est. » De cette manière, Eiffage a déjà livré la Ligne 14-nord (le prolongement de la Ligne 14 existante), la Ligne 14-sud et le T2b seront bientôt livrés afin que les équipementiers puissent commencer leur ouvrage.

 
Emploi et formation : la grande réussite
 
Tout cela ne serait également pas possible sans les hommes et les femmes qui œuvrent chaque jour sur le terrain. Depuis le début de l’aventure, Eiffage Génie civil a massivement investi dans ses équipes, pour qu’elles soient performantes sur les chantiers actuels, mais aussi pour qu’elles puissent perdurer après la fin des travaux. Tout commence d’abord par l’arrivée dans l’entreprise : « Toute personne qui arrive chez Eiffage doit avoir réalisé, au bout de trente jours, un certain nombre de formations obligatoires : premiers gestes de coffreur, premiers gestes de terrassier…, détaille Guillaume Sauvé, président d’Eiffage Génie Civil et d’Eiffage Métal. Son chef est garant de cette progression initiale. Ensuite, ce collaborateur dispose d’un an pour poursuivre un parcours normé, qui est vérifié au 1er entretien annuel. A l’appui de cette procédure, nos logiciels RH et métiers intègrent les informations relatives au suivi de ces formations, et permettent une gestion suivie, que ce soit au plan individuel et collectif. »
 
Sur les chantiers du GPE, Eiffage recrute ses collaborateurs sous le statut de contrat à durée indéterminée de chantiers (CDIC) afin de pouvoir les transférer par la suite sur d’autres chantiers où des postes sont vacants, et traduits par des CDI selon les cas. « Cela constitue une des sources de nos besoins importants en formation, poursuit Guillaume Sauvé. De plus, toujours pour le GPE, la SGP impose un taux plancher du volume horaire dédié à l’insertion professionnelle. Nous mettons donc un point d’honneur à participer à cet effort de solidarité nationale, en accueillant des collaborateurs qui ne sont pas tous déjà formés au BTP, mais qui, pour 30% d’entre eux, resteront chez nous en CDI. »
 
Les différents chantiers du GPE ont en effet été des creusets de cohésion sociale et synonymes de création d’emplois. Par contrat, la SGP a en effet imposé une part fixe de travaux sous-traités à des PME locales (20%) et un pourcentage d’heures de travail attribuées aux personnes en insertion professionnelle (15 à 20%). « Chez Eiffage, nous dépassons largement ces deux critères sociétaux imposés par la SGP, souligne Benoît Maureau de la direction opérationnelle Travaux souterrains chez Eiffage Génie Civil. Aujourd’hui, notre objectif est surtout d’augmenter le taux de réussite en termes d’insertion : c’est bien d’embaucher des gens en insertion sur un chantier, c’est encore mieux de pouvoir convertir ces postes en CDI. Cette politique tournée vers l’emploi fait partie de la charte des bonnes pratiques que nous avons signée. »
 
Sur les différents sites du GPE, une même stratégie s’applique en termes d’emploi, celle de l’ascenseur social. « La formation et la curiosité de nos collaborateurs permettent de trouver les ressources humaines dans les régions concernées, avance Imed Ben Fredj. Sur le génie civil spécifiquement, notre métier donne du sens à ce que l’on fait, les collaborateurs sont fiers de mener à bien de tels projets, car cela représente un ascenseur social efficace : quelqu’un peut commencer ouvrier et finir directeur de travaux. Sur le GPE, que ce soit pour le terrassement ou le génie civil, nous avons accompagné plus de 1500 collaborateurs grâce à des formations, et avons embauché plus de 1000. En fin de circuit, et c’était la première fois que nous faisions cela, nous les avons reformés – avec un diplôme à la clé – pour un métier qu’ils pourraient intégrer sur place afin de trouver du travail dans les entreprises locales. » Par exemple, un terrassier peut suivre une formation pour la réalisation de travaux de voirie comme des trottoirs. « Cette empreinte que nous laissons derrière nous à la suite d’un grand projet fait partie de notre culture d’entreprise », ajoute Imed Ben Fredj.
 

Le GPE comme carte de visite de futurs projets
 
Cette culture d’entreprise se décline également sur d’autres thèmes. À commencer par celui des différentes innovations qui ont permis de tenir les délais pour la livraison des différents lots. La liste est longue : démarche bas carbone, système de caractérisation des sols Caraso l… Pour toutes ces raisons, l’Europe entière a les yeux rivés sur le chantier du GPE et ses avancées techniques. Pour les grands groupes comme Eiffage, avoir achevé différentes phases de travaux constitue donc une bonne carte de visite sur la scène internationale. « Ce qui est important, c’est de montrer que sur les contrats passés ou en cours comme ceux du GPE, nous avons bien travaillé et que nous avons formé et fidélisé nos collaborateurs, remarque Benoît Maureau. Cette politique nous offre une puissance supplémentaire sur les appels d’offre à venir. Encore une fois, quand tout tombe en même temps, il faut démontrer la capacité à être présent sur de nouveaux chantiers, tout en étant présent sur le Grand Paris. Nous avons des ressources mobilisables pour cela. Par exemple, nous devons également être présents en force à Toulouse, nous ne pouvons pas nous permettre de déserter l’agglomération toulousaine au profit du Grand Paris et du Lyon-Turin. »
 
Pour l’entreprise, le développement international permet aussi d’équilibrer les charges de travail et donc les risques. « D’un point de vue technique, l’international est un accélérateur d’innovation, car il nous confronte à des modes de réalisation différents, explique Guillaume Sauvé. L’expérience novatrice acquise à l’étranger donne de la crédibilité technique quand on l’introduit en France et réciproquement. Par exemple, nous avons introduit la technologie des voussoirs fibrés sur le GPE grâce aux expériences dans d’autres pays. En Norvège, nous sommes en train de creuser un tunnel, selon une méthode différente de celle utilisée en France. » Ce sont toutes ces expériences et ces savoir-faire cumulés qui permettent aujourd’hui à une entreprise comme Eiffage d’être performante sur le GPE.
 
Mais le GPE est loin d’être achevé, des appels d’offres pour les derniers lots en conception-construction vont bientôt être lancés. « Le GPE dans sa complexité nécessite un travail d’équipe plus qu’aucun autre chantier, prévient Guillaume Sauvé. Actuellement nous travaillons sur les appels d’offre majeurs des quatre segments de la ligne 15, dont l’attribution devrait intervenir en 2022 et 2023. Et ce n’est pas fini. […] Le GPE, évidemment, est un sujet central dans notre activité actuelle, et, nous l’espérons, pour l’activité de la décennie à venir. C’est un relais de croissance majeur pour les filiales que je préside. Il représente de l’ordre de 50% de l’activité BTP/Génie civil de l’Ile de France. C’est un investissement stratégique pour la région, par les montants en jeu évidemment, mais surtout par le fait que le réseau que nous construisons va structurer l’activité économique et la vie sociale des Franciliens pendant des décennies. »
 
Eiffage est donc dans les starting-blocks pour les prochains appels d’offres, les propositions devant être formulées en septembre prochain. « Une fois que l’une des entreprises candidates sera attributaire, la partie conception préalable à la réalisation devrait durer environ deux ans, estime Pascal Hamet. Le premier lot lancé est celui de la Ligne 15-sud-ouest, allant de Pont de Sèvres à la Défense, y compris la gare de la Défense qui sera l’une des plus complexes du GPE ; le second lot lancé est celui de la Ligne 15-est entre Champigny-Centre et Bondy. Nous sommes aussi candidats pour les tronçons de la Ligne 15-nord-ouest entre la Défense et Saint-Denis-Pleyel et la Ligne 15-nord-est entre Saint-Denis-Pleyel et Bondy, qui refermera complètement la boucle de cette Ligne 15. » L’histoire n’est donc pas encore tout à fait terminée…











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